Tu travailles sur de nombreuses séries : Giacomo C., Vlad, etc. Tu habites aux Iles Canaries. N'est-ce pas difficile de travailler en étant un peu eloigné avec les différents scénaristes qui travaillent avec toi ?
Au contraire. J'habite là-bas depuis quinze ans et je travaille deux fois plus qu'avant. La bande dessinée me remplit de l'intérieur. Je ne ressens plus le besoin de me reposer par des week-ends ou des vacances bien délimitées dans le temps.... En général, il fait beau aux Canaries et avec la plage qui se trouve à cinq minutes, je peux prendre des vacances ou des instants de repos à n'importe quel moment de l'année.
Pour travailler, j'utilise beaucoup le fax et le téléphone, mais je vais utiliser de plus en plus la messagerie électronique. J'avais très peur au début de ce nouvel outil mais je me rends compte maintenant que cela me passionne.
La Poste d'ici fonctionne plutôt bien mais il arrive parfois qu'une couverture se perde en cours de route. Grâce à l'e-mail, je vais pouvoir envoyer mes travaux tout en gardant les originaux à la maison.

Griffo et Swolfs -  © Laurent Ryder

Werner Griffo (à gauche) en compagnie de Yves Swolfs (à droite). Derrière les auteurs, le personnage principal de Vlad.

Où trouves-tu ton inspiration et comment arrives-tu à calibrer ton trait pour des séries graphiquement distinctes ?
C'est par ce type de questions que j'ai commencé à réfléchir la-dessus. En fait, ce n'est pas volontaire. Je ne réfléchis pas à cela, je suis assez impulsif quand je dessine et je ne pense pas au style. Le style est en fait le résultat direct d'un scénario que je reçois.
Je crois que quelque part, j'ai un fil rouge qui traverse les dessins, mais que par la force du scénario je peux virer vers le réalisme ou l'hyper-réalisme, ou un dessin plus stylisé, voire même humoristique. Je garde néanmoins une structure de base à ma façon de dessiner. Je suis très content de cela car je m'ennuie facilement, alors il faut que je change de temps à autre. Après avoir fait un album historique, cela fait du bien de créer quelque chose de plus délirant.
Réaliser Giacomo demande beaucoup de discipline, même si maintenant, après une dizaine d'albums, je me permets d'inventer des décors tout en respectant le style et l'esthétisme du XVIIIème siècle. Je prends beaucoup de plaisir à imaginer des maisons Vénitiennes qui n'existent pas mais qui ont un parfum d'authenticité. Au tout début de la série, je possédais peu de livres sur Venise et j'avais beaucoup de mal à dessiner une rue sous un autre angle que celui que je pouvais avoir grâce à des photos de la ville. Je ne savais vraiment pas comment faire. Aujourd'hui, cela m'est complètement égal. Je dessine la rue comme j'ai envie de la dessiner.

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